Accueil > Recherche-Projets > Solidarités alimentaires > Solaci
Solidarités alimentaires citoyennes
Ce projet de recherche a été co-porté par Vrac & Cocinas, la Chaire Unesco Alimentations du Monde et le CIRAD, accompagné par un comité scientifique, entre mai 2021 et juin 2022.
Il a été financé par la Fondation Daniel et Nina Carasso.
Ce projet visait à caractériser les initiatives de solidarité alimentaire, menées par des habitant·e·s de l’Hérault, durant la crise sanitaire (au fil des différents confinements), en dehors des institutions classiques de solidarité. Il s’agissait de comprendre ce qui a motivé ces initiatives, d’en dresser une typologie et d’en produire une analyse sur deux plans :
1 - Constituent-elles de nouveaux modes d’engagement et de solidarité sur la question alimentaire ? Si oui, en quoi et lesquels ? Ces nouveaux modes dessinent-ils des perspectives de changement en termes de lutte contre la précarité alimentaire, en regard des critiques qui pèsent aujourd’hui sur l’aide alimentaire classique ?
2 - En quoi contribuent-elles à la résilience du territoire en termes d’accès à l’alimentation, de démocratie alimentaire et de justice sociale ? En quoi sont-elles susceptibles d’être source d’inspiration, voire partie prenante, pour l’action publique ?
Plusieurs résultats sont issus de ce projets. Les livrables seront mis en ligne ici au fur et à mesure
L’un des premier livrable de ce projet consiste en une cartographie des initiatives repérées, classées par type :
– Espace de partage et de gratuité
– Distribution de produits ou de colis
– Groupement d’achat
– Maraude
– Distribution de repas chauds
– Collectif transformé en association
– Projet inter-associatif repris par une collectivité
– Partenariat entre entreprises et fonds de dotations
– Collectif de citoyens
...
Retrouvez cette carte en ligne en cliquant sur le lien ci-dessous :
Accéder à la cartographie
Une série de films a été réalisée par Christel Lescrainier mettant en avant six de ces initiatives :
– Le champ de possibles - Lodève
– Les paniers solidaires - Sète
– Les primeurs solidaires - Agde
– Deliv’rue - Montpellier
– Conserverie rue Traversette - St André de Sangonis
– La 5e saison - Montpellier et Paulhan
Un article rédigé par Pauline Scherer, sociologue-intervenante au sein de l’association Vrac & Cocinas, reprend les grands résultats de ce projet - "Expression et développement de formes de citoyenneté alimentaire : vers des "communs alimentaires" ? "
Lire l’article
Points clés de l’article :
– L’engagement des habitants dans des initiatives citoyennes de solidarité alimentaire témoigne du renforcement de la dimension politique de l’alimentation, notamment dans une perspective de “sécurité alimentaire durable”, comme explicité par le rapport Terra Nova. La crise sanitaire a favorisé l’émergence de nombreuses initiatives, certaines d’entre elles viennent rejoindre le mouvement existant de projets de solidarité alimentaires se voulant plus durables. On observe ainsi que l’alimentation constitue aujourd’hui un vecteur de mobilisation et d’engagement pour des raisons multiples (solidarité, lien social, convivialité, échanges de savoirs, santé, écologie, défense du monde paysan...). Cette transversalité du sujet diversifie les profils des “engagés” autour d’une cause commune, et dessine un mouvement de “citoyenneté alimentaire”.
– L’intérêt de ces collectifs pour la qualité de l’alimentation et ses modes de production, la revendication de modes d’engagement “affranchi” des tutelles, la recherche de mode d’organisation plus horizontaux, et une volonté d’articuler lutte pour la redistribution et lutte pour la dignité, ont été observés dans ces initiatives citoyennes. Cela entre en résonance avec la sociologie de l’engagement, liée à la “société des individus” telle que caractérisée par Jacques Ion. Elles peuvent néanmoins rencontrer les mêmes types de limites que les organisations plus formelles pour impliquer les personnes concernées ou en termes de reproduction de rapports sociaux inégalitaires.
– Les initiatives citoyennes liées à la crise sanitaire se sont développées avec “les moyens du bord”, elles mobilisent des ressources territoriales inexploitées, et génèrent des écosystèmes de coopération et des chaînes de solidarité résilientes à l’échelle locale, tout en se heurtant à de nombreuses limites organisationnelles et matérielles.
– En cherchant à concilier politique et économie, principes démocratiques et formes de vie quotidienne, certaines initiatives tentent de s’éloigner du modèle caritatif et renouent avec l’idée de l’associationnisme, selon l’analyse de Jean-Louis Laville. Même si ces initiatives restent soumises aux modes de financement actuels, elles montrent leur capacité à “fabriquer du commun”, donc à échapper à l’alternative unique de la propriété privée et de la propriété publique, en inventant des modes d’action, d’organisation et de gouvernance pour faire de l’alimentation un “commun”.
Ce livret synthétise les freins et les leviers du développement des initiatives présentées ci-dessus et propose des recommandations en direction des collectivités. A venir.
Les premiers résultats ont été présentés lors d’un évènement organisé par Vobsalim le 25 juin 2022 à Montpellier. Retrouvez la vidéo de cette présentation sur le site de Vobsalim : https://www.vobsalim34.org/
Pour plus de renseignements, vous pouvez contacter :
Nicolas Bricas, Cirad et Chaire Unesco Alimentations du monde
Pauline Scherer, Vrac & Cocinas