Au Mexique, les célébrations publiques et privées liées à la Toussaint (Día de Muertos), tout autant que la multiplication des représentations de la mort sous la forme de la Catrina ou de squelettes, font désormais partie d’une culture populaire se diffusant bien au-delà des frontières du pays. Le développement d’un tel imaginaire, notamment dans les zones urbaines, tend à accréditer l’idée selon laquelle les Mexicains entretiendraient un rapport de proximité avec les morts qu’ils accueilleraient en leur offrant des repas dans une atmosphère festive au moment de leur retour annuel. En réalité, l’observation ethnographique des transferts alimentaires destinés à ces visiteurs dans les communautés de Mixe vivant dans l’État d’Oaxaca prouve que la crainte de voir les morts rester dans la sphère domestique ne disparaît pas à la Toussaint. Pour le démontrer, cet article mène une étude contrastive des régimes de commensalité associés aux dépôts cérémoniels – associés à des sacrifices de volailles – selon qu’ils sont destinés aux morts ou à une entité appelée « Celui qui fait vivre ». Alors que l’anthropologie religieuse s’est souvent consacrée à l’étude de la symbolique des éléments transférés lors d’une offrande alimentaire, l’angle d’analyse adopté se concentre sur les dynamiques interactionnelles grâce auxquelles est mise en scène l’acceptation de ces transferts par ces différents destinataires. En dépit des similitudes dans la morphologie rituelle, on découvre alors que les dépôts de nourritures n’établissent pas les mêmes types de relations avec les morts ou avec « Celui qui fait vivre ».
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Ressources hors Chaire
Articles
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Nourrir les morts ou « Celui qui fait vivre », les différents régimes de commensalité rituelle chez les Mixe (Oaxaca, Mexique)
26 octobre 2021, par Mathilde COUDRAY -
Alimentation durable et économie sociale et solidaire : les liaisons fertiles
23 novembre 2021, par Mathilde COUDRAYPar nature transversale, la transition agroécologique et alimentaire est au carrefour de cultures et d’influences que les acteurs conjuguent au quotidien. Notamment l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) qui permet de penser autrement les filières et chaînes de valeur agricoles et offre un cadre fertile pour de nouvelles alliances. Cette nouvelle étude donne la parole aux acteurs de terrain mais aussi à ceux qui les accompagnent et les financent. Sans prétention d’exhaustivité, elle explore les points de rencontre entre la chaîne de valeurs alimentaire et l’ESS, offre des informations pratiques pour se lancer et identifie les voies de développement.
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Le droit à l’alimentation durable en démocratie
3 novembre 2021, par Mathilde COUDRAYDurant 18 mois, les participants du séminaire Démocratie Alimentaire animé par l’UMR 951 Innovation et le CREAM Université de Montpellier, ont travaillé à ce que pourrait être un droit à l’alimentation dit durable. Cette démarche encastrée dans le concept de démocratie alimentaire avait pour objectif de croiser les connaissances de la recherche, de la formation et des initiatives citoyennes à partir des conditions d’accès à l’alimentation des familles à petits budgets et des personnes en situation de précarité. Cette entrée par la précarité a pour fonction de révéler de façon plus saillante les inégalités et l’invisibilité de celles-ci dans la façon dont les politiques publiques y répondent depuis le milieu des années 1980. L’enseignement essentiel issu de ce croisement des dynamiques de savoirs résulte de l’analyse fine de la non effectivité du droit à l’alimentation en France et la compréhension de cette situation de fait, permet de comprendre un certain nombre de freins. La transversalisation a été le mot d’ordre tout au long du séminaire et est reprise dans l’ouvrage : à savoir, croiser autant que faire se peut, les regards et les paroles. l’ouvrage reflète ce patient travail des uns, des unes et des autres et le tissage, dé-tissage, re-tissage des fils tirés durant ces dix-huit mois de coopération. Si le choix éditorial est le nôtre, il ne traduit aucunement une hiérarchie dans l’importance des apports des auteurs et autrices.
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Alimentation et identité entre deux rives
26 octobre 2021, par Mathilde COUDRAYQue l’on soit né au Maroc ou en France de parents marocains, l’alimentation occupe une place centrale dans le tissage du lien avec ses origines réelles, rêvées ou mythiques. À travers l’analyse de récits de vie de Marocains vivant en France, il s’agit de comprendre comment l’alimentation nourrit les constructions identitaires, individuelles et collectives, comment elle intervient dans la construction de sentiments d’appartenance et d’intégration, et comment elle permet à l’esprit et au corps de s’amarrer à un ici ou à un ailleurs.
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Agricultures singulières
26 octobre 2021, par Mathilde COUDRAYQue ce soit dans les déserts ou les marécages, sur les terres d’altitude ou au milieu des océans, l’homme a de tout temps su faire preuve de sa capacité à adapter ses pratiques agricoles aux terres les plus inhospitalières. En marge des grandes évolutions de l’agriculture, il a en effet su développer des conduites culturales originales qui sont autant de réponses à la sévérité des contraintes physiques et aux aléas de l’histoire. Stratégies simples de survie, solutions techniques parfois complexes, les agricultures de l’extrême présentées dans cet ouvrage étonnent par leur diversité et leur créativité. Elles s’inscrivent dans des contextes sociaux et culturels contrastés, tout en se faisant étrangement écho d’un continent à l’autre.
Rédigé dans un style accessible à tous, abondamment illustré, cet ouvrage à plusieurs mains donne à découvrir la surprenante palette des « agricultures singulières » qui, au-delà de l’héritage exceptionnel qu’elles représentent, témoignent de l’infinie variété des formes d’agriculture développées dans le monde. -
Beacons of hope : accelerating transformations to sustainable food systems
23 novembre 2021, par Mathilde COUDRAYThis report examines 21 initiatives that are working to achieve sustainable, equitable, and secure food systems.
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La gestion ordinaire de la vie en deux
3 novembre 2021, par Mathilde COUDRAYA partir de données variées (entretiens, photos, films) sur la double journée de femmes en activité, l’article rend compte d’une analyse sur la gestion quotidiennedu travail salarié et du travail domestique, spécifique de la place des femmes dans les rapports sociaux de classes et de sexe. L’empiètement d’un univers sur l’autre complique la gestion des espaces-temps ; celle-ci ne peut être réduite à une addition de pratiques qui seraient isolables, stables et univoques. La charge mentale de la journée "redoublée" est lourde d’une tension constante, pour ajuster des temporalités et des espaces différents, mais non autonomes, qui interfèrent de manière multiplicative.
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Etre agriculteur. L’individualisation du travail des agriculteurs
26 octobre 2021, par Mathilde COUDRAYTravailler ou ne pas travailler ensemble ? Le travail transforme l’environnement de l’homme, il construit l’identité du travailleur.
En tant qu’activité de production, ce n’est pas une œuvre isolée, mais de société. Mais, alors, comment et pourquoi se font et se défont ces relations entre les hommes et les femmes lors de ces activités ? C’est sur cette sempiternelle question que Christian Nicourt « travaille » dans cet ouvrage. Ses objets d’étude : le quotidien, la pratique du travail agricole, les manières de travailler. Pour lui, c’est à ce niveau que les exclusions ou les sélections s’opèrent. Comment, en un siècle, les relations de travail des agriculteurs français se sont-elles transformées, déliées, individualisées au point de les vulnérabiliser ?
Dès le début, l’auteur marque son originalité. C’est le travail de la cultivatrice du début du XXe siècle qu’il examine. Comment se retrouve-telle de plus en plus isolée et cantonnée dans le travail domestique, tout en accroissant sa dépendance lorsqu’elle effectue des travaux agricoles ? Il traite ensuite de l’émergence d’une « profession organisée » et de celle, quelques années plus tard, d’une « agriculture de groupe », nouveau modèle des bonnes manières dans les années soixante. C’est aussi autour de l’étude de populations agricoles plus spécifiques que l’auteur structure son ouvrage. Les éleveurs de porcs qui lui paraissent emblématiques de la transformation de l’agriculteur en entrepreneur. Les agricultrices, ces « travailleuses de l’ombre », pour lesquelles l’auteur cherche à montrer pourquoi et comment le travail de ces femmes a pu sembler inexistant. Il resitue enfin le travail d’une catégorie souvent occultée d’agriculteurs au sein du monde agricole : celui des bio. Enfin, Christian Nicourt analyse les transformations les plus récentes du métier d’agriculteur dans le contexte d’un territoire du travail agricole aujourd’hui recomposé. La rurbanisation, mouvement de redistribution des populations urbaines dans les espaces ruraux, influence-t-elle les manières d’y travailler ? Cet ouvrage s’adresse aux chercheurs, historiens et sociologues, travaillant sur le secteur agricole et rural, aux étudiants de ces disciplines. Toute personne intéressée par l’histoire du travail y trouvera de quoi nourrir sa réflexion.
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Étude de démarches de durabilité dans le domaine alimentaire
23 novembre 2021, par Mathilde COUDRAYBasée sur un travail de revue de littérature, cette étude prend en compte les cahiers des charges qui influent plus ou moins fortement sur les modes de production, et regarde également les actions annexes au cahier des charges. Nous avons interrogé les acteurs des démarches pour comprendre leurs intentions, puis analysé les chaînes de production afin d’évaluer les effets réels des démarches. L’étude permet donc de comparer les intentions affichées avec les garanties réellement offertes par le label.
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The practice and politics of food system localization
3 novembre 2021, par Mathilde COUDRAYAs an apparent counterpoint to globalization, food system localization is often assumed to be a good, progressive and desirable process. Such thinking rests on a local–global binary that merits closer scrutiny. This paper examines the social construction of “local”, by analyzing the practice and politics of food system localization efforts in Iowa, USA. It argues that desirable social or environmental outcomes may not always map neatly onto the spatial content of “local”, which itself involves the social construction of scale. These contradictions in turn relate to differing political inflections discernible in food system localization. Localization can be approached defensively, emphasizing the boundaries and distinctions between a culturally and socially homogeneous locality needing protection from non-local “others”. But through the experience of new social and gustatory exchanges, localization can also promote increased receptivity to difference and diversity. More emergent, fluid and inclusive notions of the “local”, however, may challenge the very project of crafting and maintaining distinctive food identities for local places. These themes are explored through a case study of food system localization efforts and activities in Iowa, an American state that has been a stronghold of conventional commodity agriculture. Demographic and agricultural histories are drawn on to understand recent food system localization practice that has come to emphasize a definition of “local” that coincides with sub-national state boundaries. The emergence and popularization of the “Iowa-grown banquet meal” and the shifting meaning of “local Iowa food” further illustrate the potential tension between defensiveness and diversity in food system localization.